L'humain et l'évolution

Je prétends que tout ce qui caractérise l'homme est une conséquence de la théorie de l'évolution, et plus précisément de la sélection naturelle.

Origine de la conscience

La conscience1) est une fonction accessoire du corps, utilisée par le corps pour trouver quoi manger, où dormir, avec qui copuler. Mais si le corps s'est cassé quelque chose et a besoin de cicatriser, il débranche la conscience, qui l'embête plus qu'autre chose, et passe en mode coma, pour être tranquille, et exécuter ses processus biologiques sans être perturbé par la conscience affolée par la douleur.

L'autre jour, je me dirigeais vers la machine à café, en pensant à autre chose. Mon cerveau prédisait que mes yeux verraient de la moquette. Ce processus était inconscient. Jusqu’au moment où mes yeux ont vu quelque chose sur la moquette. Mon processus inconscient de prédiction de l'avenir a alors détecté la différence, et “mon regard a été attiré …” En clair, ma conscience a été appelée par mes automatismes pour examiner le machin.

Et donc, il y a des tas de processus inconscients qui filtrent les sons, les sensations de la peau, la vision, et qui vérifient que tout est normal, ou s'écarte peu de la prédiction. Et la conscience est le larbin réveillé et envoyé par ces processus inconscients pour vérifier les non conformités, regarder là où çà nous gratte, là où il y a une bestiole qui nous monte dessus, ou ce qui se passe quand on a entendu un pleur de bébé.

Certains organismes vivants, comme les plantes, semblent entièrement régis par des automatismes. L'homme n'est pas conscient des milles fonctions remplies par son foie. Le foie lui-même n'a pas l'air conscient. 95% des activités du cerveau ne sont pas conscientes. Mais les 5% d'activités conscientes semblent donner un avantage par rapport aux plantes. Il est possible que les automatismes suffisent pour un organisme qui ne bouge pas de là où il est, et qu'une conscience soit utile à un organisme qui se déplace et doit rechercher sa subsistance.

Accessoirement, les chats, les chiens, et beaucoup d'animaux, ont l'air conscient, au moins en partie. Et il n'est pas prouvé que les plantes n'aient pas une forme de conscience.

Origine de l'intelligence

Continuons à faire jouer à la sélection naturelle le rôle de Dieu, et imaginons deux groupes d'hommes primitifs, le premier qui fait de la cueillette et qui se contente de jouir de la vie, et le second qui se pose des questions métaphysiques du genre pourquoi le ciel est bleu, et pourquoi l'eau coule vers le bas. Au fil du temps, le deuxième groupe en finira par découvrir la pénicilline et inventer le grille-pain et l'Airbus A380. Le fait d'aimer se poser des questions, de chercher à comprendre comment fonctionnent des trucs compliqués, et de chercher à les réparer, constitue un avantage du point de vue de la sélection naturelle. Aujourd'hui, les hommes aiment bien bricoler et réparer des trucs. Le stade actuel de l'évolution de l'homme est le zèbre, qui se pose des tas de questions.

De la femme

Si les hommes s'intéressent aux trucs compliqués, et aiment les réparer, la sélection naturelle va amener les femmes à s'adapter. Aujourd'hui, vu des hommes, les femmes ont l'air très compliquées, et la plupart d'entre elles ont l'air légèrement en panne (je plaisante (quoique)).

De la religion et des croyances

Non seulement la sélection naturelle pousse l'homme à se poser des questions, mais elle le pousse aussi à trouver des réponses. Si un homme n'a pas de réponse à une question, il ressent une angoisse, une douleur. Il s'intéresse alors aux systèmes explicatifs les plus vastes possible, à ceux qui prétendent tout expliquer, y compris par l'argument ultime « c'est la volonté de Dieu », « les voies de Dieu sont impénétrables », etc. Le fait d'avoir la réponse à ses questions fait cesser l'angoisse. La religion est l'opium du peuple.

La mort des anciennes religions pousse l'homme moderne à se tourner vers d'autres croyances, d'autres morales telles que la lutte contre le sida, la CGT ou la lutte contre le réchauffement climatique.

Du besoin de comprendre, et de la nécessiter de se cramponner à ses opinions

Voir l'article Durée d'une psychanalyse

Origine du sens moral

S'il me vient à l'esprit d'attraper une petite fille, de la trucider, de la faire cuire et d'en manger une partie, je sens bien que c'est mal. C'est une certitude absolue, viscérale. Et pourtant, si je remplace la petite fille par un agneau ou un lapin, il n'y a pas de problème.

Bon, supposons qu'au départ, il y ait eu deux groupes d'hommes primitifs, un groupe qui n'avait aucun problème avec le cannibalisme, et un groupe qui avait une certaine réticence à manger les enfants, en particulier les siens. Je prétends que du point de vue de la survie de l'espèce, il est préférable de ne pas manger ses enfants, et qu'au fil du temps la sélection naturelle privilégiera le deuxième groupe. L'humain va progressivement ressentir une morale viscérale, instinctive, le poussant à ressentir comme « mal » le fait de manger les enfants, en tout cas ceux de sa propre espèce.

Dans le même style, je pourrais avoir envie de coucher avec ma soeur, ou avec ma fille majeure, ou avec ma voisine. Pourtant, la plupart des cultures rejettent l'inceste. Comment en sont-elles arrivées là ? quelle différence entre ma soeur et ma voisine ? La seule différence est le risque de consanguinité. La sélection naturelle aura favorisé au fil du temps les humains qui rejettent l'inceste. Cet interdit, ce tabou est d'origine archaïque, jungien. L'humanité a réussi à dépasser certains tabous créés par la sélection naturelle, comme l'homosexualité (pour les remplacer par d'autres tabous, comme l'homophobie).

Les autres espèces n'ont pas les mêmes tabous, la même morale innée. Le lion n'a pas de problème pour manger la petite fille. L'araignée dévore son amant, puis se laisse dévorer par ses enfants. Toute la morale ressentie viscéralement, la notion de bien et de mal que nous ressentons spontanément, a été implantée par la sélection naturelle. Il n'y a pas de bien et de mal, il n'y a pas de Dieu.

Du sens inné du religieux

Avec l'apparition du langage, le ressenti moral individuel a pu devenir une morale collective, un dogme, une religion. Au sein d'une communauté, la religion permet une cohérence des comportements, une réduction des conflits interpersonnels, et améliore la probabilité de survie du groupe. Bien sûr, des conflits apparaissent aux frontières entre deux religions. Mais la sélection naturelle a pu favoriser les espèces ayant un besoin inné de morale, de divin, de croyance en Dieu.

Des photos de nus

Certaines estimations indiquent que 30% d'Internet est constitué par des sites érotiques ou pornographiques. Comme il semble que toute la nature humaine, ou au moins une grande partie, soit explicable par l'action de la sélection naturelle, essayons de voir si le raisonnement tient.

Voyons, imaginons trois hommes, un entouré de femmes nues, l'autre de femmes habillées, le troisième seul. Lequel a le plus de chances de se reproduire ?

Mais la question est peut être mal posée. Imaginons un homme qui se sent très bien seul, et un autre qui ait un besoin persistant voire impérieux de voir des femmes nues, ou au moins une, la plus nue possible, à proximité. Lequel a le plus de chances de se reproduire ?

Dans cette hypothèse, la sélection naturelle ferait apparaître un sentiment de manque, de stress, quand l'homme ne voit pas de femme nue, et la vision d'une femme nue (ou d'une photo de femme nue) serait déstressante. La vision d'une paire de seins, ou d'une photo de seins, semble avoir le même effet. L'invention de la photographie étant récente, la sélection naturelle n'a pas encore appris à l'homme à ne pas se faire leurrer par une photo.

Mais si ce raisonnement, qui a l'air logique, s'applique aux hommes, pourquoi les femmes, dont la probabilité de reproduction semble plus importante en présence d'un homme nu, ne sont-elles pas de grandes consommatrices de pornographie ?

Notes et références

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